La Benauge privée de parole!
Ma première rencontre de la rentrée, lundi, a été avec les habitants du quartier de la Benauge.
Les mêmes qui avaient appris lors d’un conseil de quartier cet hiver que leur quartier allait faire l’objet d’une restructuration entraînant la démolition de près de 300 logements.
A leur grand désarroi, personne ne les avait interrogés. Pourtant, ils aiment, connaissent leur quartier et ont des propositions à faire. Ce n’est que plusieurs mois plus tard que la mairie de Bordeaux a enfin organisé une réunion de concertation, si on peut parler de concertation, quand tout est déjà établi, planifié, décidé !
Alors projet en main, avec Michèle Delaunay, nous avons été à la Benauge pour écouter et comprendre leurs désirs, leurs problèmes, leurs inquiétudes, leur quotidien. Nous avons pris le temps d’écouter, d’expliquer, visiter, regarder dans le détail l’état des logements, des bâtiments, des espaces communs.
La cité de la Benauge a été construite en 1951 par la SBUC, elle a été une des premières grandes « cités » de Bordeaux avec 650 logements. Il faut rappeler qu’elle a permis
d’offrir des logements de qualité à la ville, qui en 1945 compte plus de 30 000 logements inconfortables. Certains locataires « historiques » y habitent toujours et se
souviennent de l’image innovante et moderne qu’avait leur quartier, alors.
Mais tous y sont particulièrement attachés. Même s’ils ont été oubliés dans les grands projets de rénovation urbaine, oubliés d’être desservis par le tramway, les jeunes oubliés
cet été avec un centre d’animation fermé, ….Par contre, ils ont du supporter les nuisances de la ligne de chemin de fer doublée sous leurs fenêtres, ils devront supporter
surement aussi, celle de l'augmentation du trafic routier déboulant du futur pont Bacalan Bastide sous leurs fenêtres encore une fois….
Mais pourquoi y sont ils attachés, me direz vous ?
Certains y ont élevé leurs enfants, d’autres y ont été accueillis par les anciens, d’autres y ont grandi, d’autres encore par conviction ou encore pour des raisons économiques. En effet, les logements sont adaptés aux ressources des habitants, agréables, clairs, traversants. Un produit inexistant, pour leur budget, dans les nouvelles constructions qui fleurissent dans le quartier de la Bastide.
Alors, nous avons, plan en main, cherché des solutions pour ceux qui comme nous ne comprennent pas que l’arrivée d’un TCSP (Transport en Commun en Site Propre) doivent entrainer la disparition de
trois barres de logements sociaux offrant des prix de loyer impossible à reproduire aujourd’hui.
Nous avons visité des logements coquets, bien différents de celui choisi et visité au pas de course par le maire en compagnie de M Devedjian. Visite éclair dont le but
était d'argumenter la démolition désirée et obtenir le budget nécessaire.
Nous n’avons pas la vision de logements insalubres, comme les présente le maire de Bordeaux . Cette image qui, d'ailleurs, entraine colère et tristesse des
habitants fiers de leur « home sweet home ».
Demandant certes une rénovation sur le plan acoustique, thermique et une légère modernisation, ces habitations ne sont pas à jeter à terre sans aucun appel. Ils offrent un habitat populaire nécessaire au maintien essentiel de la mixité sociale dans la ville et ils font partie de l’histoire de la Bastide.
Alors, la requalification de ce quartier doit passer par une meilleure mixité sociale, une amélioration de la desserte du quartier par les transports en commun, un soutien au commerce de proximité, une requalification des espaces communs, une sécurisation du croisement des flux piétons- automobiles, des activités pour les jeunes l’été. Et écouter les habitants car nous en avons entendues des suggestions fort intéressantes.
N'est il pas dommage qu’une ville comme Bordeaux, ne soit pas pensée avec ses habitants qui en sont ses meilleurs experts ?
Prochain billet "la Benauge encore est toujours privé d'ascenseur"